Son Ravel

Ondine s’éploie dans des eaux profondes, elle est bien cette créature de la nuit un peu Lorelei dont le rire se diffracte sur le clavier. C’est tout ce que Philippe Guilhon-Herbert donnera de Gaspard de la nuit, préférant composer un itinéraire où il traque le plus secret du piano de Ravel.

Sa Pavane pour une infante défunte, qui ouvre l’album, dit bien plus que tant d’autres, dans sa mesure, dans le jeu à deux mains si clair qu’un tempo parfait permet ; on y entend des choses qu’on n’entend pas d’habitude, itou pour le Mouvement de menuet de la Sonatine, et même d’ailleurs pour le Modéré où là encore l’écoute harmonique ouvre l’espace, fait l’émotion sensible.

Trois pièces seulement du Tombeau, manière de répondre aux trois mouvements de la Sonatine – qui sait ? – mais qui n’empêche pas de regretter ceux qui manquent.

Les Valses nobles et sentimentales seront au complet, Philippe Guilhon-Herbert sait qu’on ne peut les dénouer l’une de l’autre, il les joue ample, se gardant des éclats même dans le Modéré où tant tapent pour faire ouverture.

À mesure on entre dans des espaces purement oniriques que deux contes de Ma mère l’Oye poursuivront sur le même ton de mystère.

L’apostille du petit Prélude pour Jeanne Leleu, très dit, pourra surprendre, plutôt en bien, coda d’un disque enregistré sur trois pianos et en des lieux différents, sans rien qui puisse en briser l’harmonie.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Pavane pour une infante
défunte, M. 19

Gaspard de la nuit, M. 55
(extrait : I. Ondine)

Sonatine, M. 40
Le tombeau de Couperin,
M. 68 (3 extraits : No. 1. Prélude ; No. 3. Forlane ; No. 5. Menuet)

Valses nobles et sentimentales, M. 61
Ma Mère l’Oye, M. 60 (2 extraits : No. 1. Pavane de la Belle au bois dormant ;
No. 5. Le jardin féerique)

Prélude en la mineur, M. 65

Philippe Guilhon-Herbert, piano

Un album du label Indésens Calliope Records IC092
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Photo à la une : le pianiste Philippe Guilhon-Herbert, en 2012 –
Photo : © Jean-Baptiste Millot