Mutters Stimme

Anna Lucia Richter se promène dans le Knaben Wunderhorn, si habile à être la conteuse de Rheinlegendchen, qu’elle semble dire à des enfants, la mère désespérée d’illusion de Das irdische Leben (la progression dramatique, l’esseulement dans la voix, quelle liedersängerin, pas entendu ainsi depuis Schwarzkopf), l’amoureux(euse) dépité(e) de Verlorne Müh’, tant de visages différents dans une même voix, qui peu à peu s’élève aux éthers des lointaines Trompettes, à ceux d’Urlicht.

Manière de préparer au Rückert-Lieder ? Non, d’ailleurs elle aurait pu les ajouter restant chez le poète. Elle leur préfèrera ceux des Kindertotenlieder, quitte à ne pas les avoir naturellement dans son instrument.

Pas assez contralto, elle y sera donc plus Merriman que Ferrier, on ne peut s’en plaindre, ses mots sont si doux et si douloureux à la fois, sa nostalgie si prégnante, même la fièvre puis l’apaisement d’In diesem Wetter touchent juste, délivré de tout pathos ; le Gürzenich-Orchester, si retenu par Jordan de Souza, y veille.

LE DISQUE DU JOUR

Songs of Fate

Gustav Mahler (1860-1911)
Des Knaben Wunderhorn
(8 extraits : No. 4. Wer hat dies Liedlein erdacht?, GMW 23 ; No. 7. Rheinlegendchen, GMW 29 ; No. 5. Das irdische Leben, GMW 26 ; No. 2. Verlor’ne Müh’, GMW 22 ; No. 6. Des Antonius von Padua Fischpredigt, GMW 28 ; No. 10. Lob des hohen Verstandes, GMW 33 ; No. 9. Wo die schönen Trompeten blasen, GMW 35 ; No. 11. Urlicht, GMW 27)

Kindertotenlieder, GMW 45-O

Anna-Lucia Richter, mezzo-soprano
Gürzenich-Orchester Köln
Jordan de Souza, direction

Un album du label Myrios music MYR 036
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Photo à la une : la soprano Anna-Lucia Richter – Photo : © Ammiel Bushakevitz