La mineur

Le couplage est classique. Dès le microsillon, il s’imposa sous les doigts de Claudio Arrau, de Géza Anda, tant suivirent, mais Reed Tetzloff et Sir John Eliot Gardiner ajoutent au rayon Schumann une nouvelle version, entendez une nouvelle version du texte.

Malcolm Frager le premier se pencha sur cette version intermédiaire où le souvenir de la Phantasie voulu pour portrait musical de Clara demeure vivace : le piano seul lance les accords initiaux, auxquels l’orchestre répond un demi-ton plus bas. On se livrera à un jeu de pistes pour trouver les modifications et les réemplois qui aboutiront à la version définitive, mais à l’écoute, c’est le feu, l’éloquence, la fluidité qui jamais n’oublient le caractère que l’on perçoit avant tout – une vertu de Gardiner à laquelle s’accorde le piano si polyphonique de Reed Tetzloff ; sa main gauche fait chanter les émotions qui font le sel de cette partition si courue et que je redécouvre.

Leur Concerto de Grieg sans sucre mais empli de paysages surprendra autant, le tempo ne cède jamais et un esprit con fuoco rappelle les lectures flamboyantes des grands anciens, Sir John Eliot Gardiner veillant à faire tout entendre du si poétique orchestre écrit par Grieg. Contrairement au Concerto de Schumann, le texte n’a pas bougé, mais l’œuvre semblera neuve à beaucoup.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann
(1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur,
Op. 54 (version intermédiaire)

Edvard Grieg (1843-1907)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur,
Op. 16

Reed Tetzloff, piano
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Sir John Eliot Gardiner, direction

Un album du label Aparté AP398
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Photo à la une : le pianiste Reed Tetzloff –
Photo : © Brian Hatton