Dans la discographie au long cours du Quatuor de Leipzig, la somme Schubert rayonne sur l’ensemble. Non qu’ils déçoivent dans leurs intégrales Beethoven, Mendelssohn, Mozart (superbes, et plutôt méconnues) ou Haydn, mais la nature même de leurs quatre instruments, leur clarté, leur appassionato solaire que contrebalancent un jeu à l’ambitus dynamique sidérant, et en particulier dans le versant piano, un imaginaire sonore très Caspar David Friedrich, tout les porte vers ce cœur du Romantisme.
Pour qui connaît un peu la discographie, leur élégance, la pureté du jeu et des intentions, le son lui-même si gainé, tout les oppose au geste expressionniste des Berg, et plus encore aux abandons des autres quatuors viennois historiques, les Wiener Konzerthaus, ou les Barylli.
Les Leipzigois regardent ailleurs, leur Romantisme crépitant est plus proche de Weber, ignore les charmes dans les premiers opus, dominent les visions des trois derniers Quatuors, n’oubliant jamais de chanter sans perdre la ligne.
Certains trouveront que ce manque d’abandon est un défaut, mais j’écoute, fasciné, la précision d’un jeu qui à force de fuir l’espressivo trouve paradoxalement l’émotion. Même le Quintette à deux violoncelles où les rejoint Michael Sanderling ne se gonfle pas aux dimensions d’une symphonie, mais devient un voyage crépusculaire. Qui faisait ainsi ? Ah, justement un autre quatuor viennois, celui de Walter Weller.
Le coffret est un indispensable, hyper primé, il ajoute à l’intégrale de tout ce que Schubert aura écrit pour quatre archets – il n’y a pas que des quatuors ! vous verrez – les deux Trios à cordes et une Truite jubilatoire, où Christian Zacharias invite le sourire de Mozart.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Complete String Quartets, Trout Quintet & String Trios
CD 1
Quatuor à cordes No. 15 en sol majeur, D. 887
Trio à cordes en si bémol majeur, D. 471
Fragment de quatuor à cordes, D. 2c
CD 2
Quatuor à cordes No. 13 en la mineur, D. 804 « Rosamunde »
Quatuor à cordes No. 1 en sol mineur/si bémol majeur, D. 18
Ouverture en si bémol majeur (Fragment arrangé pour quatuor à cordes), D. 470
CD 3
Quintette à cordes en ut majeur, D. 956
Michael Sanderling, violoncelle II
Ouverture pour quatuor à cordes en ut mineur, D. 8a
Mouvement (Fragment) pour quatuor à cordes, D. 3
CD 4
Quatuor à cordes No. 14 en ré mineur, D. 810 « La jeune fille et la mort »
Menuet pour quatuor à cordes en ré majeur, D. 86
Menuette und Deutsche Tänze, D. 89*
*Christian Ockert, contrebasse
CD 5
Quatuor à cordes No. 10 en mi bémol majeur, D. 87
Mouvement de Quatuor à cordes (Fragment) en ut mineur, D. 103
Quatuor à cordes No. 6 en ré majeur, D. 74
CD 6
Quatuor à cordes No. 3 en si bémol majeur, D. 36
Quatuor à cordes No. 8 en si bémol majeur, D. 112
CD 7
Quatuor à cordes No. 7 en ré majeur, D. 94
Quatuor à cordes No. 9 en sol mineur, D. 173
Mouvement de Quatuor à cordes en ut mineur, D. 703 (Quartettsatz)
CD 8
Mouvements de Quatuor à cordes (Fragments), D. 68a
Quatuor à cordes No. 4 en do majeur, D. 46
4 Komische Ländler en ré majeur pour 2 violons, D. 354
Quatuor à cordes No. 5 en si bémol majeur, D. 68
CD 9
Quatuor à cordes No. 11 en mi majeur, D. 353
Quatuor à cordes No. 2 en ut majeur, D. 32
Ouverture pour quintette à cordes en ut mineur, D. 8*
Fragment pour Quatuor à cordes, D. 87a
*Hartmut Rohde, alto
CD 10
Quintette pour piano et cordes en la majeur, D. 667 « La Truite »
Christian Zacharias, piano – Christian Ockert, contrebasse
Trio à cordes (Fragment) en si bémol majeur, D. 111A
Trio à cordes en si bémol majeur, D. 581
Leipziger Streichquartett
Andreas Seidel, violon I
Tilman Büning, violon II
Ivo Bauer, alto
Matthias Moosdorf, violoncelle
Un coffret de 10 CD du label MDG 307 2358-2
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Photo à la une : les musiciens du Leipziger Streichquartett –
Photo : © Volkmar Heinz