On ne détaillera pas l’argument de vendetta classique si inattendu sous la plume de Camille Saint-Saëns : cet Ancêtre, le plus méconnu de ses treize opéras, et son avant dernier (1906) est d’une folle suractivité.
Le temps dramatique semble filer entre les doigts, la plume couvre les passions contrariées jusqu’au meurtre de Vanina tuée par la balle perdue tirée par Nunciata, l’Ancêtre. Saint-Saëns a soigné l’écriture des rôles, magnifiant particulièrement celui de Tébaldo : Julien Henric, la perle de cette résurrection au sein même d’un opéra de femmes, sera pour beaucoup une révélation.
Jennifer Holloway dresse un portrait cinglant de la patriarche, quel théâtre dans son chant, quelle violence à l’annonce du meurtre de Léandri, son petit-fils, assassiné par Tébaldo. On sera surpris par l’intensité que met la grande voix d’Hélène Carpentier à sa Margarita, touché par les velours troubles du timbre de Gaëlle Arquez, Vanina sacrifiée.
Formidables, les chœurs japonais, les Monégasques enflammés par Kazuki Yamada. Le Palazzetto aurait-il trouvé sur le Rocher l’équipe pour poursuivre chez Saint-Saëns ? Étienne Marcel, Proserpine, Hélène, Frédégonde, même Henry VIII qui supporterait une seconde proposition, tous espèrent…
LE DISQUE DU JOUR
Camille Saint-Saëns
(1835-1921)
L’Ancêtre, R. 297
Jennifer Holloway, soprano (Nunciata)
Gaëlle Arquez, mezzo-soprano (Vanina)
Hélène Carpentier, soprano (Margarita)
Julien Henric, ténor (Tébaldo)
Michael Arivony, baryton (Raphaël)
Matthieu Lécroart, baryton-basse (Bursica)
Yui Yoshino, soprano (Une femme)
The Philharmonic Chorus of Tokyo
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Kazuki Yamada, direction
Un livre-disque au format italien de 2 CD du label Bru Zane BZZ 1061
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Photo à la une : le ténor Julien Henric – Photo : © Marie Fady