La fête au temple

Pierre Hantaï délaisse son clavecin mais persiste chez Bach : le voici embrassant quatre cantates solaires, festives, se régalant de leur lumière, entourant avec amour ses solistes – les petits concerts qui décorent les airs sont surprenants de vivacité à force de détails – et ardant un chœur taiwanais éloquent et précis.

D’ailleurs l’album a été enregistré au National Kaohsiung Center for the Arts de Taiwan en septembre de l’an passé, preuve nouvelle après le voyage au long cours de Masaaki Suzuki que Bach est chez lui en Extrême-Orient : l’harmonie entre Le Concert Français et Formosa Baroque le prouve, mais ce sera d’abord le geste du chef, tour à tour alerte ou retenu, laissant éclater les couleurs ou soulignant l’émotion des mots, qui fera le prix de cette nouvelle proposition.

Si Pierre Hantaï applique les savoirs de l’interprétation historiquement informée, ils ne lui sont pas une prison, l’émotion déborde dans le choral de la Cantate BWV 107, prière contre l’affliction que j’aurai rarement entendue aussi touchante, partout l’espressivo incline l’interprétation vers une certaine souplesse qui indique à quel point Pierre Hantaï parle réellement la langue de Bach : il a trouvé les amis pour l’aider à porter cette parole.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate « Gelobet sei der Herr, mein Gott », BWV 129
Cantate « Was willst du dich betrüben », BWV 107
Cantate « Was Gott tut, das ist wohlgetan », BWV 99
Cantate « Lobe den Herren, den mächtigen König der Ehren », BWV 137

Dorothee Mields, soprano
Margot Oitzinger, mezzo-soprano
Florian Sievers, ténor
Matthias Vieweg, baryton

Taipei Chamber Singers
Le Concert Français & Formosa Baroque
Pierre Hantaï, direction

Un album du label Paraty 2025006
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Photo à la une : © DR