L’histoire de Pyrame et Thisbé aura inspiré entre autres la pièce de Luigi da Porto que Shakespeare pillera pour son Roméo et Juliette.
L’élégant livret de Marco Coltellini revenant à la source première d’Ovide, ne pouvait que produire le petit chef-d’œuvre que Johann Adolf Hasse composa en sachant parfaitement la valeur de sa musique. Parvenu à sa maturité – il était dans la soixantaine – il pensa même poser, avec cet intermezzo tragico se concluant par un triple suicide, le point final de sa carrière de compositeur lyrique. Ruggiero suivra pourtant, éclipsé par la création de l’Ascanio in Alba jailli de la plume d’un Mozart de quinze ans.
Ai-je tort justement d’entendre dans les effusions mélodiques, les lignes vocales instrumentales, l’orchestre imaginatif distillé par la plume si sensible de Hasse les prémices du vocabulaire mozartien ?
Le disque aura déjà illustré par deux fois cette partition aussi brillante qu’émouvante, mais on tiendra là une version qui magnifie chaque mesure chantée par les deux protagonistes, le distinguo subtil entre les deux sopranos désignant l’amant et l’amante, Anett Fritsch et Roberta Mameli dorant les écritures virtuoses sans les laisser étouffer les sentiments, merveille que vient contrarier le Père sévère de Jeremy Ovenden si bien chanté qu’on en oublierait presque les objurgations.
Sur tant de merveilles, l’Akademie est mieux qu’un décor : le quatrième personnage d’un drame qui à mesure referme son piège.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Adolf Hasse (1699-1783)
Piramo & Tisbe, intermezzo tragico en 2 parties
Anett Fritsch, soprano (Piramo)
Roberta Mameli, soprano (Tisbe)
Jeremy Ovenden, ténor (Il Padre)
Akademie für Alte Musik Berlin
Bernhard Forck, direction
Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 905393.94
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Photo à la une : la soprano Anett Fritsch –
Photo : © Andreas Kolarik