Préludes-tableaux

Couleurs jetées à baquets, geste tumultueux, piano de peintre, clavier d’orchestre, il faut bien l’avouer les douze Préludes de l’Opus 32 trouvent dans le jeu athlétique de Jean-Baptiste Fonlupt un interprète assez idéal.

Je savais combien ce pianiste si physique magnifierait la part la plus virtuose des deux cahiers, mais ce sera dans les pages les plus poétiques, dans le sombre Largo qui ouvre l’Opus 23, dans le fuligineux Allegretto en si bémol mineur de l’Opus 32 qu’il me cueillera.

Les carillons dorés de l’Allegro con brio disent assez combien il entend le clavier-couleurs de Rachmaninoff, sa manière me rappelle celle de Constance Keene. Comme elle il se garde bien de la moindre sentimentalité, préfère l’évocation, donne à voir les portées si pleines dont le compositeur-pianiste voulait noyer ceux qui s’y risqueraient.

Jean-Baptiste Fonlupt les habille de poésie, au point que les Préludes n’auront jamais été aussi proches des Etudes-tableaux, dont, demain peut-être, il peindra les visions de son vaste clavier.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninoff
(1873-1943)
Prélude en ut dièse mineur,
Op. 3 No. 2

10 Préludes, Op. 23
13 Préludes, Op. 32

Jean-Baptiste Fonlupt, piano

Un album du label La Dolce Volta LDV 128
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Photo à la une : le pianiste Jean-Baptiste Fonlupt – Photo : © DR