Les deux Concertos de Martinů et pas celui de Stravinski ? Josef Špaček fait un pas de côté, et intercale entre les deux opus du Tchèque le Divertimento, où Samuel Dushkin mit plus encore sa plume aux côtés de celle de Stravinski qu’il ne l’avait osé pour le Concerto.
Coup de maître !, l’archet invite le ballet, le piano de Miroslav Sekera donnant aux quatre pièces une présence, un élan que l’œuvre n’a plus connu au disque depuis des lustres.
Pourtant, ce seront d’abord les deux Concertos de Martinů qui feront tout le prix de l’album. Supraphon aura longtemps attendu pour inscrire à son catalogue une nouvelle version de ces deux splendides opus longtemps négligés avant que Josef Suk, la Philharmonie Tchèque et Václav Neumann n’en offrent des gravures risquant bien d’être indétrônables.
Josef Špaček différencie clairement les deux œuvres. Dans le Premier Concerto écrit pour le violon persiffleur de Samuel Dushkin et en grande partie corrigé par ses soins alors que la partition sera abandonnée une fois achevée (Josef Suk la créera à Chicago sous la direction de Sir Georg Solti à l’automne 1973), le jeune violoniste tchèque arde le motorisme des Allegros, musarde dans la pastorale de l’Andante, ébarbe le discours de sonorités piquantes.
Le ton change, et quasi la nature de l’instrument, pour le Second Concerto (1943), Josef Špaček capturant la lyrique d’une œuvre plus crépusculaire, l’écrin si sombre de l’Orchestre Symphonique de la Radio de Prague se pare d’échos nostalgiques, magnifiant cette partition que Martinů composa avec en tête la sonorité si expansive, le vibrato généreux, émouvant de Mischa Elman, l’envers absolu de l’archet sec de Samuel Dushkin.
Je crois bien que pour ce chef-d’œuvre la nouvelle version va plus loin dans l’émotion que celle, magistrale, de Josef Suk, je la place aux côtés de la gravure d’Isabelle Faust et de Jiří Bělohlávek.
LE DISQUE DU JOUR
Bohuslav Martinů
(1890-1959)
Concerto pour violon et
orchestre No. 1, H. 226
Concerto pour violon et
orchestre No. 2, H. 293
Igor Stravinski (1882-1971)
Divertimento d’après
« Le baiser de la fée »,
pour violon et piano, K049B
Josef Špaček, violon
Miroslav Sekera, piano
Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Petr Popelka, direction
Un album du label Supraphon SU 4371-2
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Photo à la une : le violoniste Josef Špaček –
Photo : © Andrej Grilc