Ceux qui écouteront d’une oreille distraite croiront le geste de Paavo Järvi seulement analytique. La clarté de sa direction, et celle de la balance recherchée aussi par une prise de son exemplaire, pourront produire cette illusion.
Les textures allégées, les tempos rapides, la fulgurance du Scherzo et l’envol d’un Final sans pompe dont le precipitato rappelle Bruno Walter, la fluidité piquée d’humour du Naturlaut où passent les échos des lieder contemporains, la marche avec sa contrebasse, tout concours à faire oublier ce Titan imaginaire dont, contre la volonté de Mahler, on affligea sa Première Symphonie.
Le Final contient l’un des plus longs thèmes de l’Histoire de la musique, souvent sacrifié par les chefs qui veulent d’abord fait sonner les cors et les trompettes façon barnum. Paavo Järvi tend son arc immense, il fera même chanter les épisodes héroïques, les fulgurant, les éclairant à plein, réduisant à néant le pathos, lui préférant cette électricité, ce drive, qui rend toute l’œuvre si moderne.
Sans pourtant renoncer à la subtilité – la petite valse du Ziemlich langsam puis l’orchestre tzigane sont dessinés avec tant de détails qui pourtant ne brisent jamais la ligne – il infuse sans cesse une élégance qui laisse augurer d’autres relectures éclairantes, puisqu’il semble que, contrairement à son périple Bruckner avec la même Tonhalle, si luxueuse ici, Alpha Classics ait cette fois programmé l’intégrale des neuf symphonies, l’occasion d’entendre à quel point le Mahler de Paavo Järvi s’est métamorphosé depuis les captations vidéo du cycle francfortois.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 1
Tonhalle-Orchester Zürich
Paavo Järvi, direction
Un album du label Alpha Classics 1166
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Photo à la une : le chef d’orchestre Paavo Järvi à Zürich –
Photo : © Alberto Venzago