Paris était devenu vert de gris, cela ne dérangea pas trop Alfred Cortot qui remit sur le métier ses Etudes et ses Préludes, les regravant au Studio Albert pour La Voix de son Maître.
Le fallait-il ? Le raptus des Préludes n’y est pas toujours, et les doigts parfois sont moins certains qu’en 1934, le piano lui-même moins beau. Mais Cortot reste Cortot, il fascine, et les écoutes d’une gravure l’autre seront passionnantes, outre qu’elles se font cruelles pour la version finale de 1957.
Les Etudes n’ont que peu bougé, mais pour la vision en poème, et simplement la beauté d’un piano mieux réglé, il faudra revenir à l’indémodable gravure princeps, un des chefs-d’œuvre absolus de la discographie pianistique.
Les plus belles pages des sessions parisiennes de l’Occupation seront pour les Valses – 14, dans la numérotation classique – où Cortot s’autorise une certaine liberté, quelque chose d’improvisé que la mouture princeps de 1934 ignorait, mais pour retrouver son art dans toute son éloquence, il faudra se replonger dans la perfection classique de la Troisième Sonate gravée à Londres en 1931, son impeccable profil aura certainement marqué le jeune Dinu Lipatti.
Reports peu filtrés ; qui s’en plaindrait aurait tort.
LE DISQUE DU JOUR
Frédéric Chopin (1810-1856)
12 Études, Op. 10
12 Études, Op. 25
24 Préludes, Op. 28
Grande valse brillante en
mi bémol majeur, Op. 18
3 Valses, Op. 34
Valse en la bémol majeur,
Op. 42
3 Valses, Op. 64
2 Valses, Op. 69
3 Valses, Op. 70
Valse en mi mineur, B. 56
Sonate pour piano No. 3 en si mineur, Op. 58*
Alfred Cortot, piano
(1942-1943 Paris recordings; *first recording, London, 1931)
Un album de 2 CD du label APR 6046
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Photo à la une : le pianiste Alfred Cortot – Photo : © DR