Couleurs jetées à baquets, geste tumultueux, piano de peintre, clavier d’orchestre, il faut bien l’avouer les douze Préludes de l’Opus 32 trouvent dans le jeu athlétique de Jean-Baptiste Fonlupt un interprète assez idéal. Continuer la lecture de Préludes-tableaux
Archives par mot-clé : La Dolce Volta
Kaléidoscope
Les quatre arrangeurs sont les héros discrets d’un disque détonant, où le cymbalum de Ľubomír Gašpar convoque tour à tour la nostalgie de la puszta et les envols des danseurs de village Continuer la lecture de Kaléidoscope
Vertu ?
La virtuosité serait-elle une vertu ? Sur une incertaine reptation étymologique, Michel Dalberto assemble un programme où le disparate le dispute parfois à l’inconfort : sa Continuer la lecture de Vertu ?
Ode aux années Folles
Dans le tourbillon de charlestons et jazz songs, soudain l’horloge de L’Enfant et les sortilèges compte le temps. Henri Gil-Marchex s’était transcrit à son usage personnel le savoureux dialogue entre la théière et la tasse chinoise Continuer la lecture de Ode aux années Folles
Feu sombre
La Troisième Sonate de Scriabine n’est pas une sonate. C’est un manifeste et plutôt de nature purement orchestral. Dès le Drammatico, le piano doit être immense, et le pianiste introduire dans son jeu une dimension cosmique qui suppose de respirer large.
Hier Vladimir Sofronitsky, Vladimir Horowitz, puis Lazar Berman ont tutoyé cet absolu de la littérature pianistique qui referme l’âge d’or du Romantisme et ouvre la porte sur d’autres mondes. Clément Lefebvre aujourd’hui parle avec la même hauteur de vue, déploie une plénitude pianistique qui débusque derrière les tensions ces harmonies étranges, ces motifs angoissés, cette violence qui dans le Finale atteint au paroxysme.
Saisissant, mais écoutez aussi, après les noires batteries de l’Allegretto, le nocturne amoroso de l’Andante, et cet instant où il se pare de nuances de cauchemar, avant de retrouver l’embellie stellaire.
L’itinéraire souligne comme le jeune Français est chez lui dans cette Russie disparue : le choix des Impromptus, si rarement enregistrés, où le plus intime de Scriabine laisse une porte entrebâillée sur sa psyché, la Fantaisie, chef-d’œuvre si difficile à cerner à l’égal de celle de Chopin, les deux Poèmes de l’Opus 32, esquisses d’une langue nouvelle, et en coda cette Valse empoisonnée, ce vertige d’opium, si proche de ce qu’y faisait Sofronitsky, baudelairienne sous des doigts aussi inspirés, merveille qui en appelle d’autres, espérons…
LE DISQUE DU JOUR
Alexandre Scriabine
(1872-1915)
Sonate pour piano No. 3 en
fa dièse mineur, Op. 23
2 Impromptus à la Mazur,
Op. 7
2 Impromptus, Op. 10
2 Impromptus, Op. 12
2 Impromptus, Op. 14
Fantaisie en si mineur, Op. 28
2 Poèmes, Op. 32
Valse en la bémol majeur, Op. 38
Clément Lefebvre, piano
Un album du label La Dolce Volta LDV141
Acheter l’album sur le site du label La Dolce Volta
Photo à la une : le pianiste Clément Lefebvre – Photo : © Jean-Baptiste Millot
